Le vin a toujours été chez lui, dans ce pays de rois et de poètes.
Entre Anjou et Touraine, qui ont réuni leurs destins depuis le 1er janvier
2000 pour mieux se faire connaître un peu partout dans le monde, l'artisanat
vigneron n'a jamais pu réellement se détacher de son calcaire originel.
Pensez que certaines caves, dans lesquelles le vin vieillit à merveille,
durant des décennies, ont servi à bâtir Chenonceau, Amboise et tous
les autres châteaux ! Le tuffeau est un merveilleux réceptacle pour
ces empilements de bouteilles qu'il faut absolument découvrir dans les
grandes maisons de vins de Saumur ou dans les plus modestes qui s'échelonnent
tout au long du fleuve et de ses affluents. Comme un gigantesque trait
d'union qui réunirait Sancerre (et son fameux sauvignon) au pays nantais,
près de l'océan, le grand vignoble de Touraine et d'Anjou-Saumur (environ
35 000 hectares) offre une diversité inégalée de vins blanc, rouge et
rosé, sec, demi-sec et liquoreux, pétillant parfois. Pour les découvrir,
rien de mieux que de suivre les très nombreuses routes des vins que
vous trouverez sur votre chemin. D'autant que dans la plupart des appellations
dynamiques vous rencontrerez des vignerons passionnés.
- Vouvray et Montlouis
Pour les blancs, vouvray est l'une des appellations les
plus réputées de la Loire grâce à son chenin, un cépage des mieux
adaptés à la région : vifs et fins pour les secs, aimant vieillir
en demi-sec et surtout moelleux. On trouve également d'excellents
vins de bulle sur la rive droite de la Loire. Rive gauche, juste en
face, Montlouis joue dans les mêmes catégories, sur de plus petites
surfaces, mais souvent avec le même talent.
- Chinon, Bourgueil et Saint-Nicolas-de-Bourgueil
Les Tourangeaux tiennent à ces trois appellations majeures, qui donnent
du cabernet franc l'une des plus belles expressions. Bourgueil et
le tout proche Saint-Nicolas-de-Bourgueil partagent leur terroir entre
graviers, donnant des vins plus souples (à boire jeunes) et des vins
de tuffeau, plus corsés et tanniques (à laisser vieillir quelques
années). Dans le pays de Rabelais, autour de Chinon, on trouve l'un
des vignobles les plus authentiques, partagé entre vallée (de la Vienne)
et coteaux. A découvrir pour son parfum de violette, cassis avec une
pointe de tabac et d'épices.
- Touraine, Azay-le-Rideau, Amboise, Cheverny et Mesland
La gamme s'étend ailleurs entre vignobles du Loir-et-Cher et d'Indre-et-Loire,
avec (comme à Bordeaux) une appellation générique : touraine. Sur
son terroir, le rouge gamay et le blanc sauvignon se taillent un franc
succès. Ces vins agréables se boivent jeunes. Amboise (des deux côtés
de la Loire), Azay-le-Rideau (sur les bords de l'Indre) offrent une
même palette de blanc et rouge, accompagnée de rosés bien adaptés
à l'ambiance estivale. Au nord de Chaumont-sur-Loire, le discret village
de Mesland est à découvrir. Comme près de Cheverny, la plus récente
appellation de la Loire et sa jumelle Cour-Cheverny produisant un
blanc du rare cépage romorantin. Plus au nord, le long du Loir, les
coteaux du Vendômois proposent un intéressant vin gris à base de pinot
d'Aunis. Tout proche, le Jasnières produit un blanc à base de pinot
de la Loire (ou chenin).
- Anjou et Saumur-Champigny
C'est autour de Brissac (à l'est d'Angers) et de son château qu'est
né l'anjou-villages il y a une décennie. Issu du cabernet-franc et
du cabernet sauvignon, ce rouge est produit dans 45 communes du Maine-et-Loire
et une des Deux-Sèvres. Aux côtés du saumur rouge produit dans 28
villages, l'incontournable saumur-champigny continue de faire rêver
toutes les autres appellations de la vallée en raison de son large
succès. Connu dès le haut Moyen Age, il fait bien sûr penser à ses
cousins de Touraine, bourgueil et chinon.
- Rosé et Cabernet d'Anjou
Issu le plus souvent de raisin rouge, le rosé retrouve une grande
vogue depuis quelques années. L'Anjou possède un bon savoir-faire
dans le domaine. Ces vins agréables à boire sous la tonnelle sont
issus d'une zone étendue de l'Anjou-Saumur. C'est seulement en 1905
qu'un vigneron saumurois imagina le cabernet d'anjou, une appellation
qui sut séduire le Paris de la Belle époque.
- Blancs de Saumur et du Layon
Tiré du pinot de la Loire, le saumur blanc et les coteaux-de-Saumur
offrent toute la palette de ces vins de chenin, allant du sec au moelleux
en passant par un demi-sec à découvrir en accompagnement de nombreux
mets. La réputation des blancs autour de l'Anjou s'établit aussi sur
les bords du Layon (au sud d'Angers) grâce à la " pourriture noble
" obtenue par les vignerons qui vendangent leurs raisins en octobre.
Quelques dizaines d'entre eux se sont déjà bâti une belle réputation
autour de liquoreux, il est vrai, exceptionnels. Dans la gamme des
blancs, secs cette fois, Savennières à l'ouest d'Angers, mérite encore
le détour pour ses vins d'une rare élégance.
- Pétillants d'Anjou et Saumur
Saumur, dans le monde du vin, c'est surtout celui de la " bulle "
que l'on élabore, rive gauche, dans de remarquables caves de tuffeau.
Les grandes maisons en ont lancé la mode dès 1830. Elles proposent
des visites de caves au cœur de ce monde des effervescents, sorte
de trait d'union entre toutes les appellations ligériennes. Avec notamment
un crémant, inspiré d'un mode d'élaboration rigoureux.
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